Les 4 jeunes donnent le bilan du « Projet Rusatira » (24 sept. 2011, aux Tarins, video en fin d’article)
Cela fait plus d’un an que nous préparons un rêve que nous avions en commun : celui de nous rendre en Afrique, en particulier au Rwanda. Notre projet a pris forme en s’inscrivant dans le cadre du jumelage entre la commune de Ganshoren et celle de Rusatira (à 30 minutes de route de Butare). Grâce à l’aide des nombreuses personnes que nous avons rencontrées, et de la confiance qu’elles ont accordée à notre groupe de 4 jeunes, notre projet a abouti et nous sommes partis ce mois de juillet 2011, du 10 au 31, vivre trois semaines à Rusatira. Voici en quelques mots comment s’est déroulé notre séjour dont le seul point négatif fut, sans aucun doute, sa trop courte durée.
Après une nuit passée chez Monsieur Lange, résident belge à Kigali, nous avons pris la route pour Rusatira (situé à 2 bonnes heures de Kigali), conduits par Eugène, coordinateur de l’APROJUMAP. Eugène nous a chaleureusement accueillis et nous a installés dans une maison mise à notre disposition, juste en face du centre de santé de Rusatira [NDLR une des 2 maisons des infirmières, construites avec l’extension du centre de santé par un projet 11.11.11 de 1992 à 1995]
Nous nous sommes donc immergés dans la vie de Rusatira.
Partage-coopération au cours d’anglais et à l’English club
Des étudiants très enthousiastes pour les cours d’anglais…
La matinée, Gwenaëlle et Caroline, étudiantes en langues germaniques, étaient invitées à donner des leçons d’anglais dans les deux écoles les plus proches (Remera et Buhimba). Dans l’après-midi, elles animaient l’English Club dans un local du centre de santé : des cours d’anglais à l’attention des fonctionnaires du centre. Nous emportions avec nous 30 kg de matériel scolaire (dictionnaires, méthodes d’anglais,…) qu’elles ont distribué dans les écoles et lors de l’English Club.
Caroline et Gwenaëlle ont pu mesurer l’ampleur du besoin de formation des professeurs en ce qui concerne l’anglais, en particulier sa prononciation.
L’enseignement étant passé, du jour au lendemain, du français à l’anglais, les cours se donnent dans un mélange de kinyarwanda et d’anglais, mais l’envie d’apprendre est très forte, aussi bien du côté des élèves que des enseignants.
Sur le chemin de l’école …
Gwenaëlle : « Les contacts étaient plus que sympathiques. Le matin, le trajet vers Buhimba était en principe de 20 minutes à pied, mais il durait facilement le double car tous ceux que nous rencontrions voulaient parler avec nous. Et le soir, après l’English Club, les fonctionnaires ont organisé un Kinyarwanda Club pour nous apprendre leur langue. »
Nous avons visité avec François, de l’APROJUMAP, 4 autres écoles du secteur. Les différents directeurs nous ont fait part des difficultés auxquelles les écoles doivent faire face. Souvent, étant donné le grand nombre d’enfants, les écoles possèdent un nombre insuffisant de latrines. Dans certaines écoles les actions du jumelage ont permis d’en construire des supplémentaires.
Souvent aussi, un manque de subsides, des salaires trop peu conséquents pour les enseignants,… obligent les écoles à trouver des solutions. Par exemple, une association de parents d’élèves a été mise en place et contribue à la rémunération des enseignants. Et puis, les difficultés pour les familles de payer les minervaux de leurs enfants car, si l’école primaire est gratuite, l’école secondaire ne l’est pas et n’est donc pas accessible à tous. [NDLR le système de bourses d’études du Jumelage permet à 14 orphelins de faire des études secondaires].
Partage-coopération au centre de santé
De leur côté, Inès, infirmière, et Thibault, étudiant en médecine, ont passé leurs journées avec les infirmières du centre de santé. Ils ont tout de suite été impressionnés par l’organisation et le grand nombre de services : deux bureaux de consultation, une pharmacie, une maternité (avec une moyenne de 2 accouchements par jour), des consultations prénatales et postpartum, des hospitalisations, un planning familial, un centre de vaccination, un petit laboratoire, un service VIH,… Environ 8 infirmières y travaillent ainsi que plusieurs auxiliaires de santé [NDLR dont 3 monitrices de santé financées par le jumelage, dont une se consacre au projet social]. Nous avons également été étonnés par le fait qu’un grand nombre de Rwandais possèdent une mutuelle de santé qui leur permet de réduire les coûts des consultations et des médicaments prescrits.
Au centre de santé...
Dans ce type de centre de santé, où le médecin ne passe qu’une fois par mois, le rôle des infirmières va bien au-delà de celui des infirmières belges. En effet, elles ont avant tout un rôle curatif : elles réalisent les consultations, posent les diagnostics, suturent, décident d’un traitement,… Béata, titulaire du centre et l’ensemble de l’équipe soignante ont accueilli Inès et Thibault d’emblée. Les infirmières les ont encouragés chaque jour à apprendre un peu de leur métier. Ils ont ainsi assisté lors d’accouchements, observés les consultations, participé à une campagne de vaccination qui leur a permis de se déplacer dans les écoles et dans un poste de santé secondaire,…
Cette expérience a donc été très enrichissante et encourage Inès et Thibault dans leurs choix d’étude et/ou spécialisation.
François nous a invités à visiter aussi le centre de santé de Rwanhiro. Ainsi nous avons pu observer les différences entre ce centre de santé situé en milieu rural et celui de Rusatira, en bord de route. Sans aucun doute, la grande différence est l’absence d’accès à l’électricité : le centre de Rwanhiro fonctionne avec un générateur et 4 heures d’électricité par jour…
Inès et Thibault ont constaté les grandes différences qui existent entre les systèmes de santé rwandais et belge, que ce soit au niveau de l’asepsie (utilisation adéquate de gants stériles, etc.), de la prise en compte de la douleur, de la notion d’urgence,… Ces différences sont bien entendu dues à un manque de moyens que nous avons la chance de ne pas connaître en Belgique et aussi, peut-être, à une différence de mentalité. Nous avions emporté 30 kg de matériel médical (compresses, bandages, gants propres et stériles, stéthoscopes, otoscopes, doppler fœtal,…). Ils ont été donnés à la pharmacie du centre de santé de Rusatira pour être utilisés dans les différents services.
Partage-coopération, donner et recevoir
Notre projet n’aurait pu aboutir sans l’aide de nombreuses personnes et, sur place, il a pu s’épanouir grâce à l’accueil, la gentillesse et la simplicité avec laquelle nous avons étés reçus, comme des invités et amis.
Gwenaëlle : Nous voulions beaucoup donner, mais nous avons reçu encore plus !
Le fait que notre démarche ait été définie dans le cadre d’une relation amicale entre deux communes a certainement été un élément clé de la réussite de notre voyage. Ce partage dont nous avons fait l’expérience a donné tout son sens à notre projet car, si nos valises de matériel ne sont que des gouttes d’eau, les souvenirs de ces moments d’amitié et d’échange resteront longtemps dans nos cœurs et ceux des gens de Rusatira qui ont vécu ce séjour avec nous.
Encore un énorme merci a tous ceux qui nous ont soutenus !
Caroline, Gwenaëlle, Inès et Thibault.