EDITORIAL
Jumelage, Move with Africa, 11.11.11 : Y A-T-IL UN LIEN AVEC LAMPEDUSA ?
« On continuera comme citoyens du monde, mais on n’a pas de mots pour ce qu’on a vu » nous disent les 5 jeunes du CERIA et leurs deux professeurs, tous enthousiastes [c’est ici].
Et vient une dernière question : « y a-t-il un lien avec Lampedusa, avec ceux qui cherchent asile ici ? »
Voilà une excellente question pour clore un débat, car elle pose de nouvelles questions pour notre vie de citoyens. Il y a eu un silence, puis on a dit : le lien, c’est éviter les catastrophes humaines comme à Lampedusa, en aidant les gens d’Afrique et du sud à vivre mieux, dans la paix, sans devoir quitter leur pays, avec un revenu suffisant, une sécurité alimentaire et environnementale, des soins de santé, des maisons saines, la possibilité d’étudier pour mieux vivre [cf Objectifs du Millénaire].
Car la permanence des inégalités nord-sud reste un des problèmes fondamentaux de notre monde.
L’Europe commence à le comprendre, car en parallèle avec les négociations nord-nord du Traité pour l’Atlantique Nord, cet éventuel ‘marché commun des riches USA-EU’, il y a aussi des réflexions nord-sud : sur Lampedusa, et même sur le traçage des minerais stratégiques, en nous rappelant que l’accaparement illicite des richesses économiques est à l’origine de bien des guerres [cf europa.eu ].
Au Parlement belge, on s’intéresse aux ‘fonds vautour’, ces sociétés qui rachètent à bas prix des dettes insolvables de pays du sud et mettent ainsi la main sur l’aide au développement [cf fonds vautour sur wikipedia ].
C’est cela que vise la citoyenneté du monde, poussée par les Jumelages, Move with Africa ou 11.11.11 : comprendre les grandes questions, prendre position et peser sur les décisions pour améliorer la vie en commun sur notre planète, car il y a urgence !
G. L.
Rapport de la réunion du 27 avril :
Petits et ‘moyens’ projets à Rusatira-Kinazi, et activités à Ganshoren
Présents :Henri CANART, Arlette et Gilles LABEEUW, Monique LEBOUTTE, Josiane ROMPTEAU et Karima SOUISS.
1 Nouvelles de Rusatira, des étudiants parrainés, bourses d’études remboursables
- Reçu un e-mail de Gérard, un ancien étudiant parrainé. Il a terminé ses études secondaires fin 2013, il a réussi l’examen pour entrer à l’université, en attendant le début de l’année académique (septembre 2014), il a participé au service civil (urugerero) instauré en 2013. Il nous écrit pour nous remercier pour notre aide (minerval et prime de fin d’études) et nous annoncer la réussite de ses premiers examens.
- Parrainage études secondaires : notre trésorier effectuera les versements du 2ème trimestre pour les 14 étudiants du secondaire parrainés (1090 €), le minerval du 1er trimestre pour les 4 nouveaux étudiants parrainés (300 €), le complément unique au minerval du 1er trimestre (uniforme,…) pour les 3 étudiants entrés en 4ème 40 €et la prime e fin d’études pour les 5 étudiants ayant terminé leurs études secondaires fin 2014 (200 €).
- Bourses d’études remboursables ; le fond destiné aux bourses d’études remboursables est presqu’épuisé, le comité a décidé de soutenir les 3 étudiants entrés en cursus en 2014 (Maniraho Emmanuel, Mukamitali Agnès, Nsigaye Claude) pendant les 2 prochaines années académiques, ils auront ainsi une bourse pour leur cycle de 3 ans et de plus soutenir de nouveaux étudiants universitaire. Après ce fonds sera épuisé, le comité de Rusatra devra donc fonctionner avec les remboursements reçus.
- Projet « chez les marraines de Rusatira » : reçu un e-mail de François répondant au projet légèrement modifié ; François nous remercie pour ce résumé de projet , l’équipe de pilotage se réunira en mai pour en discuter, mais ils aimeraient bien que notre comité continue à aider ce projet après les 4 années d’aide financière prévue surtout pour que les veuves puisent continuer à vivre dans le centre. Le comité n’est pas opposé à cette idée, mais pour obtenir un cofinancement il faut dire comment le projet sera repris après , au delà de 4 ans nous pouvons envisager le salaire d’une monitrice de santé quelque temps mais le projet doit être suffisamment autonome ; la proposition est de restaurer et d’équiper la maison et de commencer pendant que le projet se précise pour l’aspect « autonomie ».
- Projet éducation de lutte contre la pauvreté : le montant pour le projet dans toutes les écoles de Rusatira dépasse de loin notre budget (marché parrainée), le comité a proposé de réaliser ce projet par école. Réponse de François : « Ce projet oblige une concertation de plusieurs personnes impliquées dans l’éducation des enfants. Accompagner une seule école, c’est vraiment une goutte d’eau dans l’océan. Ainsi on ne peut pas espérer à arriver à un changement durable car par toutes les écoles de secteur, il ya de la synergie et un partage des expériences, l’organisation bien assurée et contrôlée surtout aux animateurs de l’éducation, citoyens engagés et bénévoles, l’intervention des autorités de secteur, faciliter pour la mobilisation de toute la communauté à attirer l’attention à l’éducation de tous les enfants…. »
Notre comité ne peut prendre en charge un tel projet établi pour 3 années (entre 60.000 et 70.000 € en tout !), Le comité est ouvert à des petits projets, par exemple la construction d’un local pour jeunes filles comme à Nyagisenyi, des lecteurs de CD pour l’enseignement des langues, ou toute autre idée.
- Fonctionnement divers : les versements suivants seront effectués : salaire du 2d semestre d’1 monitrice de santé (500 €) ; achat d’un 2ème colis de médicaments (850 €) ; fonctionnement du comité de jumelage (100 €)
2. Choix des petits projets proposés par Rusatira
Le choix n’est pas terminé car nous attendons des documents complémentaires (devis, motivations des projets,..) qui seront amenés par Nathalie lors de son séjour début mai au Rwanda. Nous avons reçu 7 demandes de projet. Le comité a déjà décidé de soutenir les projets suivants : des pupitres pour l’école primaire de Kato (1070 €), 3 étagères pour la bibliothèque du groupe scolaire de Kinazi (400 €) et une participation à la construction d’un local pour les jeunes filles adolescentes de l’école de Nyagiseny (755 €), nous soutiendrons peut-être l’achat de nouvelles tables pour le réfectoire du Lytec.
3. Rencontre-débat du 12 mai à la Villa
Les affiches et flyers ont été faits et distribués par le centre culturel. Le comité réenvoie une invitation aux membres et contacte les écoles et les mouvements de jeunesse, la maison des jeunes invite ses membres et aide pour la partie conviviale.
Un bilan contrasté et des projets …
Les 8 Objectifs du Millénaires 1990-2015 : et après ?
Jean Vandemoortele, économiste belge qui a participé à la rédaction des Objectifs du Millénaire votés par les Nations-Unies en 2000, fait le point sur la question (La Libre du 9/04/ 2015). On trouvera d’autres sources sur Internet :
- rapport 2014 de l’ONU (source des chiffres de La Libre) est sur www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2014/pdf/mdg_report.pdf
- situation rwandaise (santé / enseignement / femmes), exemple ONU, sur www.un.org/fr/mdg/summit2010/successtory_rwanda.shtml
- publication du CNCD (RDC, Rwanda, et autres), mais de 2006, sur www.cncd.be/Les-objectifs-du-millenaire-et-l-477 A noter que les Nations-Unies préparent, avec peine, de nouveaux critères pour fin 2015 : 17 Objectifs de Développement Durable
Voici l’état d’avancement de ces 8 Objectifs (non contraignants mais mesurables) qui devaient réduire les inégalités nord-sud dans le monde en 2015, par rapport à la situation de 1990.
1. Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim : atteint, mais en %
En 1990, 47% des gens vivaient avec moins de 1,25 dollar par jour : en 2010, ce taux est de 22%.
En 1990, 23,6% de gens étaient sous-alimentés : en 2015, ils ne sont plus que 11,8% c’est tout juste.
Ce sont des réussites, mais en %, car vu l’augmentation de population, le nombre de gens diminue peu.
L’Afrique noire, malgré ses efforts, a des scores moindres : pauvreté : de 56% à 48%, faim : de 33% à 25%.
2. Assurer l’éducation primaire pour tous : on n’a fait que la moitié …
Le taux d’inscription d’enfants en âge d’école primaire est passé de 83% en 1990, à 90% en 2010.
En Afrique noire, l’effort a été considérable, passant de 52% à 78%, mais il reste donc du boulot !
3. Eliminer les disparités entre sexes dans l’enseignement : atteint seulement au primaire
La parité est atteinte dans les écoles primaires du monde en développement, mais peu de pays ont atteint cet objectif à tous les niveaux d’éducation. Le Rwanda connaît de grands progrès, en primaire et secondaire.
Objectifs 2+3, école + émancipation féminine : des réussites du Rwanda grâce aux enseignants et jeunes, avec l’appui du Jumelage
4. Réduire la mortalité infantile de deux tiers : il reste beaucoup à faire
Le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans est passé de 12,7 millions en 1990 à 6,3 millions en 2013.
L’ONU se réjouit des progrès dans une série de pays : Bangladesh, états d’Afrique de l’Ouest, Rwanda…
5. Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle : il reste beaucoup à faire
Le taux de mortalité maternelle a diminué de 45% entre 1990 et 2013, l’objectif est réalisé à moitié …
6. Enrayer la propagation du VIH/sida : encore trop de nouvelles infections !
Dans les régions les plus touchées, les nouvelles infections au VIH sont en baisse. Pour cent adultes (âgés de 15 à 49 ans) le nombre de nouvelles infections au VIH a diminué de 44%.
7. Préserver l’environnement tout en assurant la vie des gens (eau potable, habitat sain) : atteint (?)
Pour l’accès à l’eau potable, la cible est atteinte, 2,3 milliards de personnes l’ayant eu de 1990 à 2013.
Pour les taudis, la cible est aussi atteinte, mais en %, car 100 millions de gens de plus y vivent en 2012 !
Et l’on ne peut pas dire que la protection de l’environnement, pendant ce temps, ait fait de vrais progrès.
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement : on s’en éloigne
L’aide bilatérale nette à l’Afrique (où se trouvent 34 des 48 pays les moins avancés) a diminué de 5,6% en 2013, pour s’établir à 28,9 milliards de dollars en termes réels.
Soirée-débat du 12 mai à La Villa
‘Move with Africa à Rusatira’ : des jeunes et des profs enthousiastes !
En février 2015, des jeunes de la section ‘éducateurs’ et leurs profs de l’institut Emile Gryzon (lié au CERIA) ont visité pendant 12 jours les projets de l’APROJUMAP au Rwanda avec ‘Move with Africa’ (MwA). Cette action lancée par La Libre Belgique avec la DGD (coopération belge) vise à apprendre aux jeunes à être ‘citoyens du monde’ : dix écoles visitent chacune un projet, dans divers pays, avec l’appui d’ONG soutenant ces projets, en tout ou partie. On y trouve la Croix-Rouge, Îles de Paix, Sensorial Handicap International (écoles pour sourds), et Entraide et Fraternité (E&F) avec l’APROJUMAP voir www.lalibre.be/page/mwa-projets#africa-menu
Ce 12 mai, 5 étudiants (Ousmaya, Ophélie, Mamhed, Diégo, Alban) et 2 professeurs (Andréa Riccardi, Jonathan Ndombé) nous ont parlé de leur expérience au Rwanda, avec un enthousiasme communicatif.
Leur présentation Powerpoint est ici :
La préparation est déjà école de citoyenneté …
C’est la 3e année que nous participons au concours de MwA et que sommes retenus, d’abord pour le Burundi, puis 2 fois au Rwanda [cf. Jumelage 2014]. Sur 28 étudiants, 15 sont partis, sans forcer personne, car si les billets d’avion sont offerts, cela coûte près de 400 €, et il y a des craintes comme Ebola, malgré que la Guinée soit à 3.000 km.
Le concours de MwA réclame un dossier sur la citoyenneté, le développement, y compris les droits comme l’alimentation et l’hygiène. Une fois retenus, nous avons eu des formations de 2h pendant plusieurs semaines, et un WE de formation d’E&F sur les aspects d’histoire, géographie et culture.
Par après, on se rend que c’est important, car par ex. donner des biscuits aux enfants rwandais depuis la camionnette est à déconseiller. Le debriefing général sur cette ‘initiation à la citoyenneté’ de MwA a eu lieu au CERAI le 13 mai.
« Après les formations, dit un jeune, j’avais un peu peur de la vie là-bas, surtout d’avoir faim »
« C’est exigeant pour nous, enseignants organisateurs, à la fois envers nos étudiants qui ne doivent avoir ni faim, ni soif, ni de soucis de maladies, et envers les parents. Mais comme enseignante je me valorise, je découvre des choses, cela me donne du crédit et me met à l’épreuve. Il y a une satisfaction grâce aux visites sur 2 années successives, qui montrent bien les évolutions, comme l’achèvement de la maison d’Ernestine, commencée en 2014 et finalisée en 2015 ».
Visiter sur place, c’est participer, et c’est parfois dur !
Pour construire des maisons pour des familles pauvres, nous avons eu d’abord un chantier de briques de boues [adobe] Pour eux, c’était un choc de voir des Blancs travailler avec des Noirs. Puis nous avons encore malaxé de la boue pour recouvrir les murs [crépi]. Des gens d’autres villages venaient aider, les enfants n’avaient pas de chaussure.
Ici en Belgique, on fait aussi des maisons, mais on ne danse pas – comme là-bas - quand elle est finie !
Nous avons visité une coopérative. Comme les gens sont pauvres, ils appliquent par ex. le système de la ‘vache tournante’ : chaque famille garde un petit veau né de la vache, puis repasse la vache à autre famille.
Nous avons aussi visité une école [le Lytec à Rusatira], en allant dans les classes. On a même fait un match contre leur équipe féminine ‘les Lionnes duLytec’ et elles nous ont battus par 4 à 1 !
Nous avons aussi marché 3 heures dans la forêt primaire de Niyungwe (dur) et vu le musée du génocide. Là c’était très dur, on était muet de voir les souffrances, mais le debriefing du soir nous a fait du bien en permettant de s’exprimer.
Dès qu’on arrivait tout le monde venait vers nous. C’est une expérience que je ne connaissais pas. Tous les gens avaient été prévenus par Eugène, et nous avons été reçus par les autorités, comme le bourgmestre de Huye. Eugène a vraiment été extraordinaire, avec ses collaborateurs, et nous lui avons d’ailleurs offert un tee-shirt ‘Eugène président’.
Des questions-réponses qui montrent qu’on revient transformé, on ne peut mettre des mots sur tout !
12 jours sont-ils suffisants ? Oui, car ce qu’on a vu nous a changés.
Des difficultés ? La plupart ont été résolues, notamment grâce à Eugène. Le logement était simple (eau froide) mais on ne se plaignait pas. Au retour, il est difficile de parler avec les étudiants restés ici.
Si vous aviez dû chercher un projet vous-mêmes, l’auriez vous fait ? Moins bien que MwA, mais maintenant on le referait.
Un bilan ? Nous avons vu comment d’autres gens vivent de l’autre côté du monde, mais cette expérience a apporté plus à nous qu’à eux. Nous avons plus découvert, on ne peut mettre des mots sur tout sur ce que nous avons vécu !